POLITIQUE et ENVIRONNEMENT


Poster un commentaire

Les raisons d’une éviction ?

Depuis le dernier congrès du Parti communiste Français (PCF), j’ai été écarté des travaux de la coordination de la commission nationale Écologie du PCF.

J’ai longuement patienté avant de m’exprimer publiquement dans l’attente d’une réponse au courrier que j’ai adressé au Secrétaire national, le 4 juillet dernier, sur les conseils de ses proches collaborateurs. A ce jour, je n’ai reçu aucune réponse.

Cette mise à l’écart à bas bruit – comme pour d’autres camarades dans différentes instances – pose un grave problème de démocratie interne. Au-delà de l’incontournable et nécessaire débat sur les orientations actuelles du Parti, je considère que cette pratique contribue au désengagement militant, à l’affaiblissement de l’organisation voire à la démission individuelle…

Il est tout de même dommageable que nous en arrivions là, par absence de dialogue, par manque de fraternité voire même de courage politique car la décision dont j’ai fait l’objet n’a souffert d’aucune discussion. Elle m’a été signifiée par un simple appel téléphonique du nouveau responsable de la commission nationale Écologie.

Quant à ma responsabilité d’animation du Groupe de Travail Environnement du Parti de la Gauche Européenne (PGE), je ne sais toujours pas qui, au sein du PCF, a pris la décision de m’en exclure malgré les productions collectives que j’ai animées (1).

Le travail collectif réalisé a été remarqué

Je regrette profondément ces pratiques envers des camarades qui comme moi ont développé une activité pendant des années au service d’une vision communiste de l’écologie qui, avouons-le, faisait défaut. Cela a permis à notre parti de vulgariser les grands enjeux environnementaux (Eau, Énergie, Déchets, Biodiversité, Climat…) et de promouvoir des propositions originales parce que communistes. Ce travail a d’ailleurs été remarqué par un grand nombre de spécialistes en la matière car il s’appuyait sur des données scientifiques et des expériences militantes.

Des responsables d’organisations écologistes ont d’ailleurs indiqué que le PCF avait fait son aggiornamento. A cette époque on pouvait être satisfait du travail collectif accompli au service du développement d’une activité militante environnementale grandissante et de plus en plus décomplexée.

Ainsi qu’on le veuille ou non, l’engagement national et international du PCF lors de la COP 21 sur le climat (celle de Paris) puis les premières assises communistes de l’Écologie ont marqué le paysage politique du PCF et ont favorisé une certaine fierté communiste chez les militants.

Parlons critères

J’en viens maintenant aux critères qui, semble-t-il, ont provoqué mon éviction. « Féminiser et rajeunir » l’équipe de coordination, ça ne se discute pas dès lors que ces critères s’appliquent à toutes et à tous. Or, à l’évidence, ce n’est pas le cas et c’est vérifiable.

Sur le fond, je pense qu’il y a d’autres raisons. Ma signature sur le texte « Urgence de communisme » contributif à l’enrichissement du texte de la direction  pour le dernier congrès? Des incompatibilités d’humeur susceptibles d’enrayer la bonne marche recherchée actuellement pour concrétiser, enfin, un projet politique d’écologie « vraiment communiste » ; comme affirmé lors du dernier congrès ?

Sans réponse officielle à ce jour, le débat reste ouvert. J’espère toutefois que l’éviction d’un autre camarade de la coordination n’est pas un dommage collatéral à ma propre éviction. Je le souhaite vraiment.

Cependant, être évincé par celui que j’avais, il y a quelques années, soutenu pour devenir membre du Conseil national du PCF, contre l’avis même de sa Fédération, puis avoir contribué à lui obtenir un budget pour créer la revue « Progressistes » a quelque chose d’amer.

Par ailleurs, malgré mes prises de position, j’ai toujours répondu aux sollicitations du collectif communiste comme du Secrétaire national. J’ai même modestement collaboré à l’écriture du programme de notre candidat à l’élection présidentielle, notamment sur la base de mon livre « La biodiversité à l’heure de la Covid »(2). Toutes ces collaborations sont le fruit de mon expérience accumulée, de l’exercice de mes mandats électoraux – dont ceux de Vice-Président à l’Écologie et de président du Conseil général de Seine-Saint-Denis(3), du travail politique collectif, de mes engagements militants.

J’ai volontairement quitté mes responsabilités nationales avant le 38e congrès

Je précise que j’ai volontairement quitté mes fonctions nationales avant le 38e congrès et rien ne pourra m’y faire revenir. Donc, contrairement à ce que le nouveau responsable de la coordination m’a proposé, je n’ai pas l’intention de développer un projet alternatif au sien pour revendiquer sa place. D’ailleurs, son prédécesseur doit pouvoir témoigner que je n’ai jamais empêché l’exercice de son mandat, bien au contraire, malgré nos désaccords politiques

Tout cela est bien douloureux après tant d’années d’engagements. Je n’ai jamais rien demandé dans l’accession à mes responsabilités électives ou militantes. Une question d’éthique, de morale peut être inconcevable avec la politique aujourd’hui ?

Durant ces années de militantisme au service du Parti, j’ai rencontré de nombreuses belles personnes : des scientifiques invités, des militant·e·s engagé·e·s librement à mon côté, des collaborateurs sincères et sérieux à Paris comme à Bruxelles, siège du PGE… Qu’ils et elles soient tous et toutes remercié·e·s pour leur engagement dont j’ai apprécié la qualité et l’engouement.

Pour autant, l’histoire ne s’arrête pas là. Je ne démissionnerai pas du Parti communiste français pour ces raisons. Je sais trop ce que je lui dois et son utilité historique dans la société. Après tout l’écologie et le communisme n’appartiennent pas à quelques-uns. Je resterai un militant là où on voudra bien de mes engagements. Je vais m’employer à réfléchir et faire valoir une autre culture du pouvoir comme de favoriser des pratiques militantes toujours plus partagées par le plus grand nombre. Je continuerai donc de militer pour un communisme contemporain si déterminant pour l’avenir de notre peuple, de l’humanité et de la planète.

Hervé Bramy

Responsable de la Commission nationale de 2008 à 2018

Président du Conseil général de Seine-Saint-Denis de 2004 à 2008

Élu local de 1995 à 2015

1 .Notamment : El environnement working group « Alternatives to the capitalist green deal in Europe » Éditions European Left – Octobre 2021

2 .La Biodiversité à l’heure de la Covid Éditions L’Humanité – Août 2021

3. Avec notamment l’organisation de la biennale de l’Environnement que mon successeur a malheureusement stoppé dès son arrivée. Sa poursuite aurait permis de relever tout autrement les défis environnementaux et climatiques auxquels la région Île-de-France et la Seine-Saint-Denis sont confrontés


Poster un commentaire

Pas de nourriture sans biodiversité

Rencontre – débat PGE – Berlin Die Linke

Intervention liminaire Hervé Bramy – Jeudi 10 novembre 2022

Je vous remercie d’avoir répondu à l’invitation conjointe de Die Linke et du Parti de la Gauche européenne (PGE) dont Die Linke est membre à part entière.

Je me présente, je m’appelle Hervé Bramy. Je suis co-animateur du Groupe de travail Environnement au sein du PGE , membre du Parti communiste français.

Die Linke organise, avec l’ implication remarquable de Didem Aydurmus, membre du bureau exécutif,t Docteur en Écologie que je salue fraternellement, une série de Webinaires sous la forme de séminaires sur la sécurité alimentaire intitulé « Un avenir sans faim ». Notre débat de ce soir s’y inscrit sous le titre « Pas de nourriture sans biodiversité ».

Notre initiative prend également sa place au moment où en Égypte se déroule la COP 27 sur le climat et à quelques mois de la COP 15 sur la biodiversité qui se déroulera au Canada.

Nous aurons le plaisir d’accueillir également Madame Mariam Mayet, directrice exécutive du Centre Africain pour la biodiversité. Je lui souhaite également très fraternellement la bienvenue.

Je souhaite adresser des remerciements par avance aux traducteurs et traductrices sans lesquels nos conversations seraient rendues beaucoup plus difficiles.

Entrons si vous le voulez bien dans le vif du sujet.

Quelle est la signification de cette affirmation « Pas de nourriture sans biodiversité » ?

Tout d’abord, quelques points de repères généraux.

La biodiversité est vivante

Une première définition : la biodiversité, terme composé du mot « bio » (vie), et diversité, est la diversité naturelle ou non, des organismes vivants et des végétaux de la Terre. Elle s’apprécie en considérant la diversité des écosystèmes, des organismes vivants et des gènes dans l’espace et le temps, ainsi que les interactions au sein de ces niveaux d’organisation entre eux qui en fait composent la biosphère.

Trop souvent, notre vision de la nature est celle d’un système souvent plus ou moins en équilibre que l’on cherche à protéger en l’état, ce qui tendrait à supposer qu’il y aurait un état « idéal ».

Or Pierre Henri Gouyon, grand professeur au Muséum National d’Histoire Naturelle à Paris l’affirme avec force :

La biodiversité n’est pas « statique ». Elle est dynamique. Elle est constituée d’un ensemble de processus héréditaires et écologiques impliquant des interactions entre les différentes formes et aboutissant à l’émergence de formes nouvelles ainsi qu’à l’extinction de certaines lignées. C’est l’ensemble émergences/extinctions, fondé sur les processus d’interactions écologiques, qui constitue la biodiversité ».Fin de citation

Cependant entre le rythme dit  « naturel » de régénérescence des écosystèmes et la situation de régression de la biodiversité que nous connaissons aujourd’hui ; il y a un gouffre. Ainsi les scientifiques de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) [ l’équivalent du GIEC pour le climat ] indiquent que la biodiversité subit des atteintes sans précédent et appelle donc, en conséquence, à sauvegarder la biodiversité en modifiant rapidement nos modes de production et de relations au vivant.

« La nature décline globalement à un rythme sans précédent dans l’histoire humaine et le taux d’extinction des espèces s’accélère, provoquant dès à présent des effets graves sur les populations humaines du monde entier », alerte leur rapport à l’ONU.

Selon ce même rapport les scientifiques estiment « qu’environ 1 million d’espèces animales et végétales sont aujourd’hui menacées d’extinction », notamment au cours des prochaines décennies, ce qui n’a jamais eu lieu auparavant dans l’histoire de l’humanité.

Les facteurs responsables de cette régression sont, par ordre décroissant : (1) les changements d’usage des terres et de la mer ; (2) l’exploitation directe de certains organismes ; (3) le changement climatique ; (4) la pollution et (5) les espèces exotiques envahissantes. Ces facteurs sont eux-mêmes sous l’influence des facteurs indirects comme la démographie humaine, les cultures, les modes de production et de consommation, les institutions et les gouvernances, avec des conséquences graves pour la survie de nos sociétés.

Précisons sans doute une évidence mais sa réaffirmation est toujours utile. Nous sommes, nous les êtres humains des éléments à part entière de la biodiversité. Oui nous ne sommes pas en dehors de la nature et donc si les atteintes à la biodiversité sont trop fortes l’être humain risque fort d’en être également une victime.

Voici pour le tableau général qui ne nous éloigne pas vraiment du sujet précis de notre rencontre de ce soir : « Pas de nourriture sans biodiversité »

L’alimentation comme l’eau sont nécessaires à la vie.

Le risque de perte de biodiversité est réel. Nous le constatons dans notre environnement proche, dans nos villes et nos jardins, à la campagne dans les champs, les forêts.

La « Souveraineté alimentaire » terme créé en 1996 par le mouvement paysan Via Campesina  est revenu fortement au cœur des expressions politiques, y compris libérales, à l’occasion de la pandémie de la Covid 19 puis de la guerre de la Russie en Ukraine.

Être en mesure de produire son alimentation afin de répondre aux besoins de sa population semble une évidence mais elle ne va pas de soi.

En effet, dans le monde, des millions de personnes en sont privées tandis qu’à l’autre bout, se développent des maladies chroniques dues à la mal-bouffe (on a célébré le 21 juillet, la Journée mondiale de la malbouffe).

Les enjeux spécifiques de l’agriculture, donc de la biodiversité cultivée ou élevée, de ses liens avec l’indépendance alimentaire des peuples et à la réduction des inégalités sociales et alimentaires doivent être des préoccupations essentielles. Par voie de conséquence, la qualité alimentaire comme d’autres modes de consommation de proximité doivent être encouragés.

Nous touchons sans doute au cœur de notre débat : comment produire une alimentation saine et de qualité pour toutes et tous ?

Donnons la parole au ministre de l’agriculture français si vous le voulez bien ; « la perte de souveraineté alimentaire de la France, notamment pour les fruits et légumes, est due à la mise en œuvre de pratiques d’agriculture raisonnée et d’agroécologie qui ont pour conséquence de faire baisser la production. Il poursuit ainsi : les nouvelles technologies de la robotique et du numériques sont les solutions d’avenir – sous entendu pour gagner en compétitivité et en productivité ». Fin de citation. Sans doute pense-t’il également aux « NTB » pour New Breedind technologies que l’on peut apparentés à de nouveaux OGM.

Ces choix sont posés. Débattons ensemble pour savoir si c’est la solution ou plutôt une impasse.

Parmi les épreuves à surmonter il nous faut sans doute mettre en procès le système de libre échange qui affame les pays du Sud. En effet, par la multiplication d’accords bilatéraux de libre-échange (TAFTA, Mercosur…) les biens agricoles sont considérés comme des marchandises où la concurrence déloyale s’impose. J’insiste sur le mot déloyal. Pour information en 2020, l’Union européenne soutient son agriculteur à hauteur de 260€ par habitants, montant qui atteint 290€ aux États-Unis et 390€ au Japon contre 20€ au Ghana et au Sénégal ou 10€ en Côte d’Ivoire

.

L’autre enjeu est celui du mode de production

L’agriculture est un domaine complexe qui mêle plusieurs sciences tout à la fois la physico-chimie des sols, la génétique des plantes cultivées, l’écologie au travers des liens de la plante avec ce qui l’entoure etc…

Autre question : est-il encore possible de cultiver avec l’intention de préserver la biodiversité en utilisant des pesticides ? Herbicides à bases de glyphosate, les néonicotinoïdes « tueurs d’abeilles », enfin la famille de fongicides appelées SDHI, sigle qui désigne les inhibiteurs de la succinate déshydrogénase, nouveaux fongicides considérés par nombre de scientifiques comme porteurs de nouveaux risques pour la santé humaine.

Or, disons-le simplement, l’importance de réduire drastiquement l’utilisation des pesticides est aujourd’hui incontestable tant pour leur dangerosité pour les agriculteurs (en premier lieu) que pour leur conséquence dans le déclin de la biodiversité.

Des alternatives existent comme l’a démontré, par exemple, une étude de l’Institut national de recherche de l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE). Cette étude s’appuie sur une certaine façon de travailler les sols ou en procédant à leur désherbage mécanique. Cette pratique est présentée comme une alternative sérieuse et crédible à l’utilisation de glyphosate. En fait, d’une façon générale, on peut dire que plus la biodiversité est riche plus les sols sont productifs d’une nourriture en quantité et saine sur le plan de leur alimentation

Je fais un détour par le Pacte Vert

Le groupe de travail Environnement du PGE a produit une conséquente contribution critique au programme de la Commission européenne qu’elle choisi d’intitulé Pacte Vert. En effet, nous constatons que les mesures qui en sont issues sont inspirées par leur caractère libéral ; cela ne fait aucun doute !

Nous avons traité le chapitre intitulé par la Commission de la fourche à la fourchette.: concevoir un système alimentaire juste, sain et respectueux de l’environnement

La commission affirme d’entrée que l’alimentation européenne est réputée sûre, nutritive et de qualité élevée. Elle affirme, sans prétention aucune,  qu’elle devrait aussi constituer désormais la norme mondiale en matière de durabilité. Bien que la transition vers des systèmes plus durables ait commencé, elle reconnaît toutefois, que nourrir une population mondiale qui croît rapidement demeure un défi au vu des modes actuels de production. La production de denrées alimentaires continue d’entraîner une pollution de l’air, de l’eau et des sols, contribue à la perte de biodiversité et au changement climatique et consomme des quantités excessives de ressources naturelles, tandis qu’une part importante de la nourriture est gaspillée. Dans le même temps, des régimes alimentaires de piètre qualité contribuent à l’obésité et à des maladies comme le cancer.

Cet aveu devrait donc conduire la Commission vers des orientations plus soucieuses de l’intérêt de la biodiversité et des populations mais nous savons qu’il n’en est rien. Trop de bénéfices économiques sont en jeu.

Au PGE nous considérons que l’agriculture et l’alimentation doivent être émancipées des logiques de libre-échanges internationales. Nous proposons une nouvelle ambition alimentaire pour les prochaines décennies à partir de quatre engagements forts.

• Face au défi alimentaire, la production européenne doit être soutenue par de nouvelles politiques publiques répondant aux besoins humains. Elle doit garantir une alimentation de qualité, accessible à tous.

• Pour cela, la juste rémunération du travail des paysans et des salariés agricoles est une condition incontournable. Cela implique de garantir des prix justes et rémunérateurs, de planifier la production, de soutenir équitablement les exploitations et les filières les plus fragiles.

• L’agriculture doit initier un nouveau mode de développement. C’est pourquoi les soutiens doivent être orientés en direction de l’agroécologie autrement dit de l’agriculture paysanne. L’agriculture doit donner la priorité à l’agriculture biologique et pouvoir distribuer sa production localement. De la même manière, pour des raisons de santé publique et de diversification de l’alimentation, nous défendons une pêche artisanale, relocalisée et rémunératrice.

• Les agriculteurs doivent être soutenus dans cette période de transition et l’ensemble de la chaîne alimentaire – y compris l’industrie de transformation et de vente – doit être impliquée dans le financement. Dans la même logique, nous plaidons pour une véritable politique forestière impliquant de valoriser le service public des forêts en le renforçant dans ses missions de service public.

Pour ce qui nous concerne nous considérons donc que l’agroécologie doit être promue de façon radicale afin de produire différemment, de réduire considérablement les intrants chimiques, prendre soin de la fertilité des terres sur la durée en modifiant les techniques agricoles. Produire tout autant, voire plus, en dépensant moins c’est possible. Pour nous enfin, les circuits courts et l’économie circulaire sont également à l’ordre du jour de ce nouveau processus de production agricole et donc alimentaire.

De plus, nous voulons susciter le maintien et le développement d’une agriculture et d’une pêche respectueuses du développement humain durable, permettant aux agriculteurs et pêcheurs de vivre de leurs activités. Les populations des pays en développement doivent pouvoir travailler la terre sans être conduites à la déforestation (soja, huile de palme, élevages intensifs…). La coopération scientifique doit se développer pour permettre aux peuples de vivre dignement.

Il est également imaginable de construire une sécurité sociale de l’alimentation répondant aux besoins des plus précaires et des plus fragiles en dépassant les actuels rapports de force entre l’agroalimentaire, la grande distribution et la production agricole qui est, pour cette dernière, dépendante des firmes coopératives. Les collectivités territoriales peuvent créer les conditions – avec l’ensemble de ces acteurs – d’une commande publique qui intègre la résilience environnementale, les conditions sociales de revenus décents pour tous les producteurs et salariés. Ce système reposerait sur des financements issus du secteur de l’agro-alimentaire, des banques, par les économies générées du fait l’absence de dépollution d’une agriculture Bio et paysanne, par la ré-orientation de la Politique Agricole Commune comme de la nécessaire l’installation de nombreux paysans, transformateurs et petites épiceries de proximité.

L’enjeu des rapports Homme/Nature comme de la lutte des classes traversent l’ensemble de notre conception de la société.

Nous n’envisageons pas de mettre la nature sous cloche. L’heure est aux choix de civilisation si nous voulons préserver l’humanité et la planète. Émancipation sociale et défi écologique sont indissociables. Nous opposons, à la logique des profits immédiats, celle du temps long du développement humain, pour permettre le renouvellement des écosystèmes. Notre projet est un appel à l’intelligence collective et à un grand plan d’investissement dans la recherche et la formation pour développer les conceptions nouvelles liant les besoins humains au respect de l’environnement. Pour nous, les critères du PIB sont dépassés. Nous voulons promouvoir un nouvel indice mondial de développement humain, fondé sur le niveau d’éducation, la durée de vie en bonne santé, un niveau de vie décent ou encore la mesure des inégalités de genre et de pauvreté.

Le sens de notre engagement pour la biodiversité

En forme de conclusion: nous dénonçons l’ambition irraisonnée des économistes libéraux qui rêvent d’accorder une valeur marchande à la nature, à la biodiversité et aux services écosystémiques. Car la biodiversité nous rend des services essentiels d’approvisionnement, de régulation climatique et culturels… Dans l’absolu, ces services sont gratuits. Toutefois des économistes tentent de leur attribuer une valeur monétaire. Chez les économistes libéraux, l’objectif de la marchandisation de la nature a essentiellement pour but la recherche du plus grand profit financier possible à court terme, comme c’est le cas, par exemple, pour certaines molécules dans la recherche pharmaceutique. Nous posons le principe que toute appropriation et privatisation, individuelle ou collective, qui plus est, au nom des logiques de rentabilité économique et financière, est préjudiciable. Nous considérerons la biodiversité comme un bien commun de l’humanité.

Nous sommes au cœur des rapports Homme / Nature En effet, face à la crise systémique du capitalisme qui surexploite les hommes et la nature nous considérons que nous devons bâtir un nouveau mode de développement humain durable. C’est un engagement fort pour une autre politique, un enjeu de classes.


Poster un commentaire

Climat : démocratie, transformations et révolutions

Le mot de Pierre Laurent :
Quelques mois après la COP 26, on a le sentiment qu’une fois de plus « rien n’a changé ». Qu’en est-il réellement ? Quels sont les leviers pour préserver le climat dans les années à venir ? Autour de quel projet de société ? J’ai posé la question à Hervé Bramy, militant communiste, spécialiste des enjeux politiques liés à l’écologie et au climat. Retrouver toutes les contributions sur le blog Le temps des communs du sénateur Pierre Laurent
. Ci-dessous le texte de ma contribution : Climat : démocratie, transformations et révolutions

15°C le 15 février 2022 en région parisienne. Une évidence s’impose. Les hivers sont de moins en moins froids et les étés de plus en plus chauds. C’est une tendance, selon toutes les organisations scientifiques Cela devrait suffire à une prise de conscience générale, en tout premier lieu, des chefs d’États de la planète. Or le bilan de la COP 26 est désolant. Pourquoi ne parviennent-ils pas à agir à la hauteur des défis ? Ils sont pourtant les mieux informés et documentés. Quelles sont donc les raisons de leur quasi inaction climatique ? S’agit-il toujours d’un déni face à une réalité pourtant avérée par les travaux des scientifiques? Dans le camp libéral, pour les plus climato-sceptiques d’entre eux leur déniest une sorte de faire-valoir au service de leur politique économique afin de défendre, d’abord, les intérêts économiques actuels de leur nation au détriment du reste du monde. On peut les classer souvent parmi les nationalistes et identitaires. D’autres rechignent à la tâche, retardent un engagement vers une transition écologique et énergétique qu’ils savent incontournable. Cependant ils contournent l’obstacle afin de maintenir l’ordre économique libéral dont ils dépendent. Pour le camp progressiste et humaniste, face à l’ampleur des mesures à prendre pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C en 2100 on préfère parler de de transformations. Des transformations co-élaborées avec la participation du plus grand nombre pour tendre vers une autre civilisation qui laisse toute sa place au progrès. C’est avouons-le, un chemin difficile qui ne peut s’appréhender sans une réelle appropriation par la société de ces « révolutions à venir »

***

Comme dans les grandes capitales occidentales, les dizaines de milliers de manifestants dans les rues de Glasgow, le 6 novembre dernier, ont tenté, malgré une pluie battante, de peser, de toutes leurs forces, sur le contenu des négociations de la COP 26. Rien n’y a fait. Le poids des lobbies des énergies fossiles – on en a recensé 500 présents dans l’enceinte des négociations – associés aux pays producteurs ont douché tout espoir d’avancées majeures dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Un mois plus tard, l’ensemble des intervenants au panel climat du 5ème Forum européen organisé par le Parti de la gauche européenne à Bruxelles, l’ont confirmé : le bilan de la COP 26 est décevant ! Certes le président de la COP 26 a cherché à « maintenir en vie » l’objectif des 1,5°C mais, à l’issue des débats, les engagements sont très loin de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) mondiales de 45 %, d’ici 2030, comme préconisé par les scientifiques.

Ainsi, selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), en 2020, la concentration de CO2 s’est établie à 413,2 ppm1 (parties par million) soit une progression de 49 % par rapport à l’ère préindustrielle (278 ppm). Selon les études du Global Carbon project les émissions pourraient même bondir de 4,3 % en 2021…Confirmation : l’année 2021 est classée parmi les sept années les plus chaudes selon l’OMM.

Rien ne semble donc arrêter la course vers l’abîme vers lequel nous conduisent les grands pays producteurs et exportateurs2 de combustibles fossiles. Selon les Nations unies pour l’environnement, les gouvernements de ces pays prévoient de produire en 2030, une quantité de fossiles plus de deux fois supérieure à celle qu’impose la limitation du réchauffement de la planète à 1,5°C.

100% du réchauffement climatique est dû aux activités humaines. C’est un fait aujourd’hui établi, sans équivoque (GIEC)

Rappelons que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié le 9 août 2021 son 6ème rapport (en attendant son nouveau rapport à paraître fin du mois de février). L’appel lancé à cette occasion par les scientifiques n’a pas été entendu des chefs d’États dans l’enceinte du Scottish Event Campus à Glasgow. Pourtant le rapport proclamait l’urgence d’agir. « L’ampleur des changements récents dans l’ensemble du système climatique et l’état actuel de nombreux aspects du système climatique sont sans précédent, sur plusieurs milliers d’années.3» 

Pourtantle GIEC laisse entre ouverte la porte d’un avenir meilleur:

  • Si nous atteignons la neutralité carbone ( c’est à dire : ne pas émettre plus de CO² que ce qui peut être absorbé par les terres, les forêts, les océans…), le réchauffement climatique devrait s’arrêter. C’est une donnée du rapport exprimée avec plus de certitude que dans le précédent rapport.
  • De nombreux changements dus aux émissions passées et futures de GES sont irréversibles pendant des siècles, voire des millénaires, notamment les changements dans les océans, les calottes glaciaires et le niveau global des mers. Cependant, certains changements pourront être ralentis et certains arrêtés en limitant le réchauffement climatique.

Où en sommes-nous concrètement à l’issue de la COP 26 ?

La COP 26 à Glasgow a réuni 196 pays. Le compromis obtenu est le reflet des insuffisances de l’Accord de Paris qui ne comporte aucune contrainte. Le Pacte de Glasgow reflète également l’inaction des chefs d’États puisque très peu d’entre eux ont augmenté leur contribution nationale à la réduction des émissions de GES. C’est pourquoi le texte appelle à « réviser et renforcer » dès 2022 à Charm El Cheik, en Égypte, leurs objectifs. Selon les scientifiques, après la COP 26, nous sommes sur une pente de 2,7C de réchauffement de la planète.

Ce résultat est frustrant pour toutes les forces progressistes (partis, syndicats, ONG, citoyens des pays occidentaux…) mais il l’est énormément plus pour les nations et les peuples les plus exposés, situés au Sud.

C’est en effet au Sud, là où les effets se font le plus durement sentir que les populations souffrent le plus du réchauffement climatique .

Or ces pays sont vraiment très peu responsables de la situation en comparaison des pays riches et industrialisés bien que ces derniers en subissent aussi les conséquences comme on l’a vu l’été dernier (inondations, sécheresses, incendies, dômes de chaleur, montée des océans, pandémies, destruction de puits de carbone…).

Ainsi l’engagement des pays riches et industrialisé de verser 100 milliards de dollars par an décidé à Copenhague en 2009, réaffirmé à Paris (2015) n’a pas été atteint à Glasgow. A peine 80 milliards constitués pour beaucoup de prêts (ce qui renforcera, au final, la dette des pays en développement). Par ailleurs, leur affectation ne couvre que 20 % des besoins d’adaptation. Selon un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue) les besoins des pays du Sud sont de 5 à 10 fois supérieurs aux financements proposés. Ces besoins sont estimés – selon des fourchettes hautes – à 300 milliards d’ici à 2030 puis de 500 milliards en 2050. Pour le GIEC il faudrait consacrés de 1 à 2 % du PIB mondial pour agir concrètement. Fabien Roussel, le candidat présenté par le PCF, prévoit de consacrer 140 milliards par an alimentés par des fond publics et privés.

Fossiles : une avancée inédite

Pour la première fois de l’histoire des COP un texte international évoque la nécessaire réduction des énergies fossiles dont le charbon. Aussi curieux que cela puisse paraître les pays pétroliers ont toujours refusé de voir mentionner le terme « fossiles » dans les textes. Pour ces derniers, les COP doivent traiter uniquement les conséquences du réchauffement climatique pas les causes de celui-ci. Or les changements climatiques sont la conséquence de l’utilisation principalement du gaz, du charbon et du pétrole. L’amendement soumis, à la dernière minute, par l’Inde et la Chine a affaibli brutalement cette partie du texte. Ainsi le vote a consacré la formule « diminution progressive » en lieu et place de « disparition progressive ». Le président de la COP, le britannique Alok Sharma, s’est dit « profondément désolé »…

Quelques engagements non contraignants décidés en marge de la COP

– 100 pays se sont engagés à réduire les émissions de méthane de 30 % d’ici à 2030 (gaz très impactant mais qui disparaît plus rapidement que le CO2)

– 180 pays ont décidé d’enrayer la déforestation d’ici 2030

– 39 pays, dont finalement la France, proclament mettre fin aux financements de projets d’exploitation d’énergies fossiles sans technique de capture de CO2 alors que dans le même temps 25 des principales banques européennes dont la BNP Paribas ont fourni encore 55 milliards de dollars4 à des entreprises qui développent la production de pétrole et de gaz en 2021.

– 32 États, régions, villes et industriels proposent la fin du véhicule à moteur thermique d’ici 2040

– Une dizaine de pays proposent de mettre fin à l’exploitation pétrolière et gazière

Pacte vert européen : révolution ou greenwashing 5?

Lors de la présentation du Pacte vert européen6, si le Parlement a contraint la Commission de rehausser l’objectif de réduction des GES de l’UE pour 2030 à – 55 %  ; Ursula Von Der Layen, sa présidente a, pour sa part, déclaré :« ce qui est bon pour le climat est bon pour le business ».

En aucun cas, les principes du marché capitaliste tournés vers la satisfaction des profits ne sont mis en cause. On peut craindre les conséquences des règles du Pacte vert pour l’emploi et le pouvoir d’achat des européens déjà lourdement pénalisés par les hausses des coûts de l’énergie privatisée et cotée en bourse en lieu et place d’une gestion publique.

D’autant que le 14 juillet dernier, la Commission a rendu public un paquet de 12 mesures regroupées sous l’intitulé « Fit-for-55 » qui vont de la révision de directives libérales à la fin de la voiture à moteur thermique en 2035 ou encore à la mise en place de nouveaux outils dont des marchés carbone supplémentaires dans le transport et le bâtiment.

Les marchés carbone

La COP 26 a eu pour mission de finaliser la boîte à outils de l’Accord de Paris. Il s’agissait d’harmoniser les annonces de réduction des GES par pays, de définir une fréquence et un calendrier commun, de décider les modalités du calcul du bilan de leur action…bref gagner en transparence, en particulier, pour éviter les doubles comptages liés aux marchés carbone. Il faudra attendre encore 2023 pour que cela soit le cas.

Les règles sur les mécanismes de marché carbone constituent un fort sujet de blocage en raison de leurs modalités techniques complexes, à forts enjeux politiques et économiques. Le recours aux règles du marché carbone, permettent d’échanger entre pays des réductions d’émissions à l’aide de quotas alloués à une entreprise ou un pays.

Nous savons, par expérience, que le marché carbone européen (système communautaire d’échange de quotas d’émissions de gaz à effet de serre EU- ETS, selon son acronyme anglais) a montré son inefficacité. Sur l’European Energy Exchange (EEX), la bourse européenne du carbone, la tonne de CO² se négocie actuellement aux alentours de 58 € contre 17 € il y a deux ans.

En tant que progressistes nous ne sommes pas convaincus que les règles du marché soient de nature à répondre aux problèmes posés car ils privilégient toujours les profits des actionnaires. En fait, en Europe, les marchés carbone sont de véritables droits à polluer. C’est un échec avéré. La réforme engagée en 2019 est-elle de nature à rendre enfin le système efficace ?

Comment accélérer la sortie des énergies fossiles ? Quel contenu donner à une transition juste ?

Le 4 novembre dernier, plusieurs chefs d’États et de gouvernement7 ont co-signé une « Déclaration sur la transition internationale juste »

Il s’agit de placer, au cœur des processus des transformations industrielles rendues nécessaires par de nouvelles modalités de production et de consommation, les enjeux de la préservation de l’emploi, les intérêts sociaux des salariés comme des citoyens. En Europe, ce sujet trouve sa réalité avec la Déclaration de Silésie/Katowice en 2018 puis a été intégrée au Pacte vert européen en 2019.

La Confédération européenne des syndicats précise le concept : avancer vers une conciliation de la lutte contre le dérèglement climatique et de la réduction des inégalités sociales autour d’emplois dit « verts » et du slogan «  pas d’emplois sur une planète morte ».

Les progressistes doivent impérativement investir ce champs car encore une fois on peut légitimement douter de la bonne volonté des libéraux européens. Se rapprocher des salariés et des syndicats des filières concernées (automobile, mines de charbon etc..) est déterminant pour l’avenir d’une Europe de justice sociale et écologique. Nous sommes au cœur des enjeux de classe.

Selon une enquête de l’Institut Paul Delouvrier8 parmi une série d’actions que les Français seraient prêts à adopter trois d’entre elles se détachent : une proportion de 91 % se déclare ou se dit prêt sans problème à trier systématiquement les déchets, 80 % pour privilégier les fruits et légumes locaux et de saison même si cela réduit son choix et 79 % pour ne plus prendre de bain et raccourcir la durée de ses douches.

Actions notables mais très éloignées des enjeux auxquels nous devons faire face. Très distantes également des propositions formulées par la Convention citoyenne pour le climat. Le 24 août dernier le gouvernement a publié la loi Climat et Résilience en conclusion des travaux de la convention citoyenne et après de passionnants débats au Parlement. Un texte important qui comporte pas moins de 300 articles mais très en deçà de l’urgence et des préconisations des participants à la Convention citoyenne.

Jean-Luc Fugit, député LReM, membre de la commission du développement durable et président du Conseil national de l’air résume assez bien l’état d’esprit du président Macron : « Avec ce texte, nous rendons possible la mise en œuvre des mesures proposées par la Convention citoyenne pour le climat. Bien sûr, toutes n’y figurent pas pour une raison simple : les propositions s’attachent à réformer la société dans son ensemble, sous différentes formes…»

Pas de transition écologique efficace sans un large de débat de société

Préserver en 2100 1,5°C de réchauffement de l’atmosphère nous oblige à penser autrement le développement de nos sociétés et à concevoir différemment nos vies. Réduire drastiquement l’utilisation du charbon, du gaz et du pétrole ne sera pas sans conséquences. Prenons quelques exemples

La voiture

La voiture à moteur thermique, en France, devrait ne plus être produite en 2040. La Commission européenne dans son programme « Fit-for-55 » préconise 2035. Le secteur des transports représente 31 % des émissions de GES (la voiture individuelle plus de la moitie avec 53%) contre 19 % chacun pour les secteurs de l’agriculture et de l’industrie.

Or la voiture est devenue depuis l’après-guerre un objet de masse, incarnant la liberté de déplacement…Si bien qu’aucun des candidats à l’élection présidentielle, pas même les verts, n’ose affronter de front la fin l’usage de la voiture. C’est également un fleuron industriel français indéniable. « Aujourd’hui, 85 % des foyers disposent au moins d’un véhicule, et c’est surtout un bien indispensable pour deux tiers d’entre eux, qui vivent notamment en zones périurbaines et rurales9 ». Son remplacement par une voiture électrique pose un ensemble de problème, entre autre:

  • son coût (20 000€ pour une entrée de gamme),
  • le devenir des salariés et des sites industriels de production de véhicules à moteur thermique compte tenu du fait qu’un véhicule électrique contient cinq fois moins de pièces. Les économistes évaluent la perte d’emplois à 100 000 sur environ 280 000 que compte actuellement la filière (constructeurs, équipementiers etc…)

Faut-il comme le propose la Convention citoyenne sur le climat (CCC) que d’ici 2030 la voiture individuelle ne soit plus le mode de transport privilégié pour les trajets domicile-travail ?

Cela peut sans doute s’envisager dans les grandes métropoles avec une offre de transports en commun de qualité, sûrs et tendant vers la gratuité. L’expérience en région parisienne du RER B qui transporte 900 000 passagers chaque jour, en progression de 2 % par an, est particulièrement décourageante de ce point de vue là.. Est-il utile de préciser qu’il est urgent d’augmenter les investissements pour que les voyageurs retrouve leur sérénité avec des trains qui arrivent à l’heure. De plus, l’instauration des zones à faible émission (ZFE) est vécue par les foyers à faibles revenus comme une véritable punition liée à leur statut social. C’est inacceptable! Le candidat du PCF propose une prime de 10 000€ versée par l’État à ces foyers pour l’acquisition d’un véhicule d’occasion répondant aux normes.

Mais qu’en est-il des habitants des zones péri-urbaines ou rurales pour lesquels l’offre de transport en commun est inexistante ? Les modes de déplacement alternatifs envisagés tel le vélo, le vélo électrique ou même le covoiturage bien qu’ils doivent être encouragés sont-ils vraiment de nature à répondre aux besoins…

Deuxième thème, la mode vestimentaire

Selon Le Monde du 1er février, la production de vêtements provient encore majoritairement d’une industrie très carbonée. La chaîne actuelle de production dépend, en très grande partie, de la Chine, premier atelier textile du monde alimenté par des énergies fossiles au demeurant très énergivores.

Fabriquer en France réduirait par deux l’empreinte carbone de l’habillement. Cependant nous sommes confrontés à un handicap majeur : la filière industrielle est sinistrée ! De plus, les consommateurs sont avant tout guidés par le prix. Pour 41 % des français, il est le premier critère d’achat d’un vêtement selon l’Institut français de la mode contre seulement 4% pour ses spécificités éthiques ou écologiques.

Est-il possible d’inverser cette tendance ? Comment et à quels prix social pour les salariés, et économique pour les consommateurs dont le pouvoir d’achat est rogné.

Troisième thème celui de l’énergie et de son mix

Alors qu’il est convenu qu’il est incontournable de réduire drastiquement l’utilisation du pétrole on apprend que depuis le début de la pandémie de la Covid-19, plus de 300 milliards de dollars de nouveaux fonds ont été orientés vers des activités liées aux combustibles fossiles au détriment des énergies non carbonées10…En mai 2021, l’Agence internationale de l’énergie préconisait de cesser toute nouvelle exploration de gisements pétroliers et gaziers , annonçant « une tache monumentale » pour atténuer le réchauffement climatique. Parmi les pistes que l’organisation internationale cite : l’efficacité énergétique et les changements de comportement.

Une fois dit cela, tout reste à faire. Pour un propriétaire qui vient de changer sa chaudière au fioul pour une au gaz, celui qui envisage la rénovation thermique de son bien, tout cela pèse financièrement très lourd. On comprend aisément l’écoanxiété dont témoigne un grand nombre de jeunes qui se considèrent abandonnés face aux défis des dérèglements climatiques. Leurs parents ne sont pas moins inquiets ; si bien qu’une partie d’entre eux ont envahi les rond-points. Le point de départ de la mobilisation des gilets jaunes s’est formalisée avec l’annonce de l’instauration de la taxe carbone tandis que le prix de l’essence ne cessait d’augmenter. L’action de ces derniers a été comprise et soutenue par une majorité de la population. Bien sûr va-ton me rétorquer il existe des aides financières de l’État. Mais franchement de qui se fiche-t-on ?

Avec d’autres, principalement les communistes, je milite depuis bien longtemps pour la constitution d’un mix énergétique électrique 100 % public et 100 % décarboné constitué d’énergies renouvelables (solaire, éolien, hydraulique…) et de nucléaire avec des mesures de sûreté renforcée y compris au plan international et une gestion du risque maîtrisée du risque y compris pour les déchets.. . La recherche publique, fondamentale et appliquée doit être soutenue avec beaucoup plus de détermination. Soulignons, selon une enquête récente, que le soutien de l’opinion publique au nucléaire est passé de 45 % à 53 % en quelques années. Pour autant, cela continue de faire débat d’autant que la commission européenne soumet au Parlement comme au Conseil de l’Europe de statuer sur l’entrée avec le gaz du nucléaire comme énergies de transition au sein de la taxonomie verte.

Il n’y a aucun espoir pour les peuples avec le capitalisme vert

Les atteintes au climat et à la biodiversité, leurs conséquences, y compris en Europe, pour la vie du plus grand nombre appellent un changement de civilisation en capacité d’affronter le réchauffement climatique. La situation appelle donc de profonds changements structurels et culturels individuels et collectifs tout aussi déterminants. Sans un développement de la démocratie rien ne se fera à la hauteur des enjeux. Car on ne pourra bâtir un nouveau monde avec les recettes de l’ancien. Tant que la finance dominera l’économie, tant qu’un réel partage des richesses ne sera pas imposé et que le monde des communs n’émergera pas nous vivrons une époque de grands dangers pour l’humanité et la planète. L’intervention des peuples est urgente. Elle doit devenir massive.

Hervé Bramy

Membre du PCF

Auteur de La biodiversité à l’heure de la Covid (Éditions l’Humanité)

1Les taux de concentration en CO² ainsi que d’autres gaz à effets de serre sont souvent exprimés en parties par million. En revanche, les quantités émises sont formulées en milliard de tonnes. wikipedia

2Australie, Brésil, Canada, Chine, Allemagne, Inde, Indonésie, Mexique, Norvège, Russie, Arabie saoudite, Afrique du Sud, , Émirats unis, Royaume-Uni, Etats-Unis

3Extrait de 6ème rapport du GIEC août 2021

4Source : de l’ONG ShareAction

5Lire à ce propos le travail de décryptage du Pacte vert européen par le groupe de travail Environnement du PGE : https://www.european-left.org/campaigns/alternatives-to-the-capitalist-green-deal-in-europe/

6Lire l’analyse du pacte vert par le Parti de la gauche Européenne https://www.european-left.org/campaigns/alternatives-to-the-capitalist-green-deal-in-europe/

7 Italie et Royaume-Uni co-organisateurs mais aussi la France, de Commission européenne et les États-Unis

8En lien avec le groupe Caisse des dépôts et Kantar deuxième baromètre meusrant l’attitude des Françias sur les sujets de l’environnement et des changements climatiques

9Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’IFOP et coauteur de La France sous nos yeux– Éditions du Seuil

10Source Nations unies pour l’Environnement


Poster un commentaire

Oui: renationalisons le RSA!

Comme beaucoup d’autres, je me réjouis de l’annonce faite par le Premier ministre, aux élus de la Seine-Saint-Denis, du projet d’une expérimentation sur trois ans de la renationalisation du RSA.

Ce projet est le résultat d’une longue lutte

Revenons à 2004 alors que je venais d’être élu président du Conseil général de Seine-Saint-Denis. Je proposai à l’Assemblée départementale de ne pas accepter ce transfert de charge au nom de la bien mal-nommée « seconde phase de la décentralisation » votée, à coup de 49-3, en juillet 2003, sous l’égide de M. Raffarin..

Pour l’État, il ne s’agissait pas de donner plus de pouvoirs aux Département mais de se délester d’un coût de gestion qu’il considérait devenu trop lourd. Trop pesant, pour sa conception libérale des finances publiques soumise aux critères européen de Maastricht. Le montant de l’allocation du revenu Minimum d’insertion (RMI) restait fixé au plan national. Heureusement d’ailleurs qu’il en fût ainsi, sinon nous courrions le risque de l’aggravation des inégalités d’un département à l’autre selon leur richesse.

Dès le budget 2005, je dénonçai la situation difficile à laquelle nous allions être confrontés: augmentation de la fiscalité ou réduction des services à la population. La facture libérale était facilement chiffrable. Le déficit des compensations de l’État était de plus de 35 millions d’euros à la fin de l’année 2004 dont 26 pour le seul RMI ( 45 000 allocataires). Le pire était encore à venir. En 2020, on recense 90 000 allocataires du RSA! Cette évolution caractérise l’état de la société, les conditions d’existence des plus démunis et l’incapacité des politiques libérales à résoudre l’enjeu de la précarité comme de la misère. Nous étions bien seuls, dès cette époque, à porter l’exigence de la renationalisation au sein de l’assemblée des Départements de France qui est encore, aujord’hui, majoritairement opposée à la renationalisation.

Comme le précise le récent communiqué du groupe1 au sein duquel siègent les communistes l’écart entre le montant versé aux allocataires et la compensation de l’État n’a pas cessé de croître. En effet, l’Etat « a fixé sa compensation sur le montant des dépenses au moment du transfert en 2004» tandis que le nombre de bénéficiaires a doublé et sans l’augmenterdes « 10 % d’augmentation du montant du RSA décidée sous le précédent quinquennat ».

Nous n’avons eu de cesse de nous mobiliser avec la population pour obtenir la compensation intégrale des transferts de compétences : émission de titres de recettes auprès de l’État, budget en déséquilibre, interpellation du Président de la République avec plus de 600 personnalités, contestation devant le Tribunal administratif, carte T revendicative…

Supprimer, sans délai, les départements était impossible alors on a cherché à les asphyxier financièrement

Il ne s’agit pas, ici, de conter les batailles du passé mais de rappeler, ni plus ni moins, notre opposition constante à la décentralisation  « Raffarin » au moment où germait l’idée de réduire le « mille-feuille » institutionnel avec la disparition des départements. C’est pourquoi en 2010, par exeple, nous sous sommes travestis en bourgeois de Calais, devant le musée Rodin, pour « montrer notre détermination à ne pas remettre les clefs d’un département que l’État veut mettre au pas ! ».

Combien de fois ai-je entendu des rangs de la droite l’invitation à nous replier sur nos compétences obligatoires. Fallait-il, alors, supprimer nos actions volontaires pour l’accueil de la petite enfance, pour la culture, pour le sport, pour la jeunesse ? Nous n’avons pas céder !

Ainsi, durant toute la période 2004-2008, contraints à augmenter les impôts départementaux pour équilibrer le budget, nous décidions, dans le même mouvement, de financer à 50 % la carte Imagin’R pour tous les jeunes collégien·ne·s et étudiant·e·s du département, l’attribution d’un chèque aux familles pour lutter contre la fracture numérique des collégiens, l’aide au permis de conduire pour les jeunes en insertion professionnelle, élaborer des chartes débouchant sur l’emploi des allocataires en insertion, conforter la création culturelle. Ces avancées ont, pour une large part, disparu après 2008 sous l’ère de Claude Bartolone.

Comment combattre efficacement les inégalités sociales sans un engagement fort de L’État, sans un maillage dense de services publics rénovés, sans dotations suffisantes pour les collectivités territoriales, sans véritable réforme de la fiscalité ? En effet, pour le seul RSA, le reste à charge annuel2 du Département de la Seine-Saint-Denis s’élevait à plus de 207 millions d’euros en 2019 (sur un budget total de 532 millions), contre 195 millions d’euros en 2012 précise Stéphane Troussel, l’actuel président du Conseil départemental.

Précisons encore, que les élu·e·s communistes ne sont jamais opposés aux projets de décentralisation sauf celle mise en place par le gouvernement Raffarin de façon autoritaire. En effet, départements et régions ont su par le passé prendre leurs responsabilités dans le cadre d’une décentralisation plus harmonieuse.

Pour aujourd’hui réjouissons-nous que le Premier ministre estime « que l’on ne peut pas continuer à faire peser sur le contribuable local une dépense de solidarité nationale ». Il reste, cependant, pour réussir réellement, cette fois-ci, la renationalisation du RSA à examiner, pour janvier 2022, les conditions précises de l’expérimentation (notamment la date de référence). Et pourquoi ne pas saisir cette occasion pour revaloriser le montant de ce minimum de survie que constitue le RSA et l’attribuer aux moins de 25 ans. Les communistes seront, encore et toujours, de ces combats !

Hervé Bramy

Président du Conseil général de Seine-Saint-Denis

2004- 2008

1Groupe « communiste citoyen front de gauche pour une transformation sociale et écologique

21,8 milliard en cumulé depuis 2004


Poster un commentaire

La biodiversité à l’heure de la COVID-19

Réflexions et propositions communistes2

Cette note a pour but principal de nourrir la réflexion, avant tout, politique afin de contribuer à la pensée des communistes comme d’autres et d’alimenter leur action militante sur les enjeux des rapports Homme / Nature, à l’heure de la COVID-19 .

Une réflexion délibérément inscrite au cœur des défis de classes de notre époque, de la recherche d’alternatives dépassant l’ordre du monde existant et le système capitaliste qui poursuit son œuvre destructrice par une exploitation forcenée de l’homme et de la nature.

Avant-propos:

Pour les communistes, l’Homme et la Nature ne sont pas séparables. Il n’y a pas d’avenir possible à vouloir les opposer en considérant, par exemple, l’Homme comme un parasite de la planète. Au contraire on peut voir que la biodiversité animale et végétale doit beaucoup au travail des hommes : les grandes forêts françaises, le marais poitevin et les hortillonnages d’Amiens , la Camargue…

Bien entendu il faut inscrire toute activité humaine dans les cycles naturels ; reconnaître le double rôle de l’humain comme producteur et consommateur, lui permettant par l’intermédiaire de son travail, de rendre la société compatible avec le renouvellement des écosystèmes ; analyser concrètement le métabolisme des rapports homme-nature (c’est-à-dire, l’ensemble des échanges de matière et d’énergie entre la société humaine et son milieu naturel) pour déceler et combattre à chaque instant toute contradiction entre eux ; développer les biens communs de l’humanité en organisant efficacement leur partage et leur gestion entre et par tous les humains. C’est un « grand chemin » à emprunter ensemble.

La pandémie de la Covid 19 nous donne l’occasion de préciser nos analyses et nos propositions.

Pourquoi appréhender l’enjeu de la biodiversité à l’aune de cette nouvelle pandémie ?

De très nombreux écologues1 de la biodiversité considèrent fortement que l’origine du virus COVID-19 serait due à une zoonose (maladie transmise à l’homme par un animal)2. Pour l’instant la prudence reste de mise sur l’origine animale du virus. Nous en saurons plus dans quelques mois3.

Cependant, les chercheurs ont mis en évidence que 60 à 75 % des maladies infectieuses émergentes, ces dernières décennies, sont des zoonoses. Comme indiqué dans la note de la commission Écologie, la déforestation, les changements d’affectation des terres, la destruction des écosystèmes, des habitats faunistiques et milieux floraux…favorisent la transmission de virus mutés d’une espèce animale sauvage à une espèce animale domestique puis à l’homme4. La transmission à l’homme sur un marché alimentaire chinois, par contact avec des animaux sauvages dont ceux des trafics illégaux (pangolin par exemple) est également envisageable.

  • COVID-19 et zoonoses au cœur des recherches scientifiques

Selon Etienne-Simon Loriere, chercheur à l’Institut Pasteur « Le SARS-CoV-2 partage une grande partie de son génome avec un coronavirus identifié chez des chauves-souris du Yunnan[…]. D’autres séquences semblent venir d’un autre coronavirus repéré chez le pangolin, un mammifère à écailles qui pourrait avoir joué le rôle d’hôte intermédiaire. ».

L’écologue Philippe Grandcolas considère que nous n’avons pas affaire qu’à un problème médical. « L’émergence de ces maladies infectieuses correspond à notre emprise grandissante sur les milieux naturels. On déforeste, on met en contact des animaux sauvages chassés de leur habitat naturel avec des élevages domestiques dans des écosystèmes déséquilibrés, proches des zones périurbaines. On offre ainsi à des agents infectieux des nouvelles chaînes de transmission et de recompositions possibles. »

Ce virus vient s’ajouter à une liste déjà longue de pandémies dont l’origine animale ne fait guère plus de doute5.

La commission nationale Écologie du PCF a déjà beaucoup travaillé sur les enjeux de la biodiversité et des services écosystémiques notamment lors de la tenue d’une semaine d’initiatives, en octobre 2016 : Biodiversité, enjeu d’humanité – Dénoncer, sensibiliser, agir…

Compte tenu des présomptions sur l’origine de ce « nouveau » virus et de l’ampleur de la pandémie mondiale actuelle, il nous paraît utile de prolonger nos travaux afin de contribuer à dégager des mesures susceptibles d’être prises pour réduire, si possible, les risques de l’émergence d’autres virus pour les mêmes causes, ces prochaines années.

Ce travail devrait contribuer à l’actualisation des engagements écologiques et des propositions des communistes en matière de préservation de la biodiversité, de mieux les intégrer à l’ensemble des propositions de notre parti.

Examinons l’état des connaissances et des travaux produits précédemment par la commission Écologie.

  1. La biodiversité est vivante

La biodiversité, terme composé du mot « bio » (vie), et diversité, est la diversité naturelle ou non, des organismes vivants et des végétaux de la Terre. Elle s’apprécie en considérant la diversité des écosystèmes, des organismes vivants et des gènes dans l’espace et le temps, ainsi que les interactions au sein de ces niveaux d’organisation entre eux qui en fait composent la biosphère.

Pierre-Henri Gouyon, agronome, biologiste et évolutionniste, professeur au Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN) insiste sur une notion ; la biodiversité n’est pas « statique ». Elle est dynamique. Elle est constituée d’un ensemble de processus héréditaires et écologiques impliquant des interactions entre les différentes formes et aboutissant à l’émergence de formes nouvelles ainsi qu’à l’extinction de certaines lignées. C’est l’ensemble émergences/extinctions, fondé sur les processus d’interactions écologiques, qui constitue la biodiversité.

2. La biodiversité une propriété fondamentale de la vie

La biodiversité est essentielle à l’humanité qui en est complètement dépendante à travers les services écosystémiques (d’approvisionnement : nourriture, combustibles, matériaux ou médicaments de régulation : climat, pollinisation…, socioculturels : bénéfices récréatifs, culturels, esthétiques… et de soutien : action nécessaire à tous les autres services assurant le bon fonctionnement de la biosphère – grands cycles biogéochimiques de l’eau, du carbone…).

Pour autant, la biodiversité ne présente pas que des avantages. En effet, certaines de ses composantes présentent nombre de désavantages pour les Hommes qui doivent s’y adapter et parfois en combattre les effets les plus négatifs.

3. L’érosion de la biodiversité est constatée

Il y aura bientôt une année, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques6(IPBES) au terme de la réunion plénière consacrée au rapport mondial sur la biodiversité et les services écosystémiques, rappelait que la biodiversité subit des atteintes sans précédent, sous l’effet des cinq facteurs de pression directs – changements d’usage des terres, exploitation des ressources, changements climatiques, pollutions, espèces exotiques envahissantes – eux-mêmes sous l’influence des facteurs indirects comme la démographie humaine, les cultures, les modes de production et de consommation, les institutions et les gouvernances, avec des conséquences graves pour la survie de nos sociétés. L’IPBES appelait à sauvegarder la biodiversité en modifiant rapidement nos modes de production et de relations au vivant.

Quatre des experts de l’IPES7 ont récemment déclaré, dans un communiqué, que la crise sanitaire actuelle, qui cause des souffrances humaines incalculables et met à l’arrêt les économies du monde entier, pourrait n’être qu’un début. « On estime que 1,7 million de virus non identifiés du type connu pour infecter les humains sont présents chez les mammifères et les oiseaux aquatiques. N’importe lequel d’entre eux pourrait constituer la prochaine « maladie X » – potentiellement encore plus perturbatrice et mortelle que le Covid-19 », ajoutent les scientifiques.

Les quatre experts demandent en conséquence de réorienter les plans de relance économique vers trois axes. En premier lieu, garantir l’application des réglementations environnementales et lancer uniquement des plans qui incitent à des activités plus respectueuses de la nature. À défaut de quoi on « subventionnera de futures pandémies ». Ensuite, les scientifiques demandent d’adopter une approche « One Health »8. […] Enfin, les quatre experts mondiaux demandent de financer, de manière adéquate, les systèmes de santé et d’inciter à un changement de comportement au plus près des zones de risques de pandémie.

Enfin, le 13 mai dernier, l’IPBES a annoncé organiser un atelier9 portant sur le lien entre les pandémies et la biodiversité. Les résultats de ces travaux donneront lieu à un rapport, qui fera l’objet d’une revue par les pairs en août 2020, puis d’une publication en septembre. Le document sera ensuite intégré aux travaux consacrés à l’évaluation des liens entre la biodiversité, l’eau, l’alimentation et la santé dans le contexte des changements climatiques10.

4. Biodiversité, zoonoses et pandémies

Les virus, les bactéries sont des éléments de la biodiversité. Ils ont toujours existé. Des bactéries sont utiles à l’homme par exemple pour le microbiote intestinal. Il existe des milliers et des milliers de virus, certains inoffensifs pour l’homme ou pour l’animal. Par contre, un virus qui se plaît chez un animal peut muter et devenir dangereux pour l’homme selon certaines conditions d’adaptabilité.

On constate depuis le dernier quart du XXe siècle, une augmentation rapide de l’apparition de zoonoses. Certains travaux mettent en évidence une corrélation positive forte entre ce phénomène et le nombre d’espèces d’oiseaux et de mammifères menacées selon les critères de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN)11.

La chercheuse britannique Kate Jones et son équipe ont identifié 335 maladies infectieuses dont 60 % trouvaient leur origine dans la faune12. On constate, par ailleurs, que le nombre de personnes souffrant de maladies infectieuses n’a cessé de diminuer, alors que le nombre d’épidémies, en revanche, a augmenté depuis 1940, avec un pic au cours des années 1980 avec une très grande majorité issues de zoonoses. D’autres pandémies risquent d’apparaître dans les années à venir.

Selon Philippe Descola13, les épidémies nous accompagnent depuis le début de l’hominisation. […] Un virus est un parasite qui se réplique aux dépens de son hôte, parfois jusqu’à le tuer. […] Ceux qui considèrent que les humains vivent séparément du monde des non-humains ont tendance à oublier que la chaîne de la vie est formée de maillons interdépendants, dont certains ne sont pas vivants et que nous ne pouvons pas nous abstraire du monde à notre guise.

Prévention des pandémies, sauvegarde et développement de la biodiversité semblent donc intimement liés.

Aujourd’hui, c’est le domaine curatif qui est privilégié quand la maladie fait ses ravages. Dès lors on cherche le vaccin capable d’éteindre l’épidémie puis la pandémie…

Certains vont jusqu’à envisager froidement d’éliminer chauve-souris, pangolins, oiseaux porteurs de virus. Solution simpliste à plus d’un titre, car ces animaux participent de l’équilibre global de la biodiversité. Les chauves-souris, par exemple, sont des animaux qui font leur part du boulot pour faciliter notre vie en pollinisant de nombreuses plantes ou comme prédateurs d’insectes.

Christian Lévêque insiste : « Les virus comme les bactéries et les parasites de tout poil qui nous empoisonnent la vie, c’est de la diversité biologique. Les plantes et champignons vénéneux, les serpents et les vecteurs de maladies parasitaires, les parasites des arbres et des cultures, c’est aussi de la diversité biologique ». Et de conclure : « Dans ce contexte, laisser croire que l’on peut vivre en « harmonie » avec une nature uniquement pourvoyeuse de biens et de services est de la pure utopie, ce que tout citoyen sensé peut comprendre ».

5. Les engagements communistes sur la biodiversité

En 2016, nous affirmions dans une note14 de problématique les aspects suivants (extraits) :

…/…

Penser la préservation de la biodiversité c’est poser les termes de la conception que l’on a des rapports homme-nature. Le communisme implique une unité entre l’homme et la nature qui permet de fonder une critique de l’activité destructrice et prédatrice humaine sur son milieu « immédiat » : la terre. Les écosystèmes ne doivent donc pas être privatisés mais constituer un bien commun de l’humanité.

C’est un combat de classe qui est engagé car la nécessité de rapports harmonieux entre les hommes et la nature ne pourront s’établir sans la même harmonie des rapports des hommes entre eux.

Il s’agit de ne pas «oublier» le monde naturel et nos biens communs, mais en même temps de sauvegarder le monde de l’être humain ».

…/…

Tout d’abord des engagements d’ordre général 

Cela reste d’actualité nous semble-t-il. Les communistes devraient s’emparer, plus fortement, des engagements qui suivent pour les faire connaître et les faire vivre dans leur activité militante. Par exemple :

  • Nous considérons la biodiversité comme un bien commun de l’humanité. Dès lors, les citoyen.ne.s, les militant·e·s doivent être des acteurs et actrices déterminant.e.s, informé·e·s et documenté·e·s, des débats et des décisions sur le présent et l’avenir de notre patrimoine commun et donc sa gestion désintéressée et la plus collective possible.
  • Nous dénonçons clairement l’ambition irraisonnée des libéraux qui rêvent d’accorder une valeur marchande à la nature, à la biodiversité et aux services écosystémiques. Car, comme nous le savons, la biodiversité rend, à l’humanité, des services essentiels d’approvisionnement, de régulation climatique et culturels…
  • Nous considérons que toute appropriation et privatisation, individuelle ou collective, qui plus est, au nom des logiques de rentabilité économique et financière, est préjudiciable.
  • Par exemple, en matière d’aménagement du Territoire nous estimons que l’État a abandonné au marché toute la démarche prospective. Il nous faut revenir sur ce choix afin que l’intérêt général prédomine. En effet, les projets de centres commerciaux ou d’espaces touristiques se multiplient dans des lieux qui sous-estiment la richesse de la diversité biologique qui serait alors en partie détruite. Et ce d’autant plus que selon Gabriel Ullman15 : « Depuis une dizaine d’années, le champ de l’évaluation proprement dite, ainsi que celui des consultations, n’ont cessé de se réduire pour les projets privés et publics. Désormais, nous n’avons plus affaire à une régression, mais à une destruction du droit à l’environnement ». Voilà un champ politique à investir au moment où, dans le cadre du plan de relance lié à la période de la pandémie, les aides financières versées par l’État au monde économique s’effectuent sans réelles, voire même sans aucune, contreparties environnementales
  • Nous devrions faire un point sur la mise en vie de la loi pour « la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages » votée dans la douleur, en 2016, en lien avec les parlementaires impliqués.
  • De même, nous devrions suivre avec attention les travaux de la COP 15 relative à la Convention sur la biodiversité Biologique (CBD) qui était prévue en octobre 2020 en Chine à Kunming dans la province du Yunnan16. Cependant, plus de 1000 délégués venus de 140 pays se sont réunis, en février 2020, à Rome pour étoffer la feuille de route sur la biodiversité au cœur de cette nouvelle COP Biodiversité. Mais pour l’instant, l’objectif phare de 30 % d’espaces protégés n’est jugé ni assez ambitieux ni suffisant pour garantir un succès. Les négociateurs travaillent plus particulièrement sur la première partie du texte consacrée aux objectifs à atteindre d’ici le milieu du siècle, avec un point d’étape à 2030. Les pourcentages de protection d’au moins 30 % de la planète (terres et mers réunis) d’ici dix ans, et au moins 10 % sous stricte protection, restent donc à négocier. Aujourd’hui, les zones protégées représentent 17 % des surfaces terrestres et 10 % des surfaces maritimes.

D’ores et déjà, 23 anciens ministres des affaires étrangères du monde entier, réunis au sein de « l’Aspen ministers forum », appellent les gouvernements à aller plus loin et à endosser un objectif de protection « d’au moins 30 % des terres et 30 % des océans d’ici à 2030″. « L’humanité est au bord du précipice : elle risque de provoquer une perte irréversible de biodiversité et une crise climatique qui met en péril l’avenir de nos petits-enfants et des générations à venir. Nous devons agir avec audace, et le faire sans attendre » écrivent-ils dans un communiqué.

De plus, alerte Aleksandar Rankovic, chercheur à l’Iddri. « Deux volets supplémentaires demandent notre attention : celui sur les moyens et les modalités de mise en œuvre et celui sur le cadre de transparence et de responsabilité », défend-il. Les précédents objectifs sur la biodiversité, dits d’Aichi, adoptés en 2010, étaient très ambitieux mais ont mené à un échec notamment faute de suivi (et de moyens?- NDLR).

Ces débats nous rappellent un autre contexte de négociations : celui des COP Climat17.

Nous en tirions l’enseignement que sans intervention des peuples pour faire pression sur les États il était peu probable que les avancées soient à la hauteur des enjeux. Nous savons ce qu’il en est aujourd’hui. Les émissions de gaz à effet de serre sont reparties à la hausse sauf durant la période de confinement actuelle comme le souligne la note de la commission Écologie.

  • Au calendrier international est également prévu le Congrès mondial de la nature du 7 au 15 janvier 2021, à Marseille par l’UICN. Cet événement, qui se déroule tous les quatre ans et rassemble 1 400 organisations. Le président de la République a, d’ores et déjà, annoncé que la France organiserait, dans la cité phocéenne, le 11 janvier 2021, un « One Planet Summit », sans doute sur le modèle de celui organisé, à Paris, en 2017.

De ce fait, quelques autres initiatives et propositions à mettre en débat?

Pour avancer de bonne façon, les communistes ont besoin d’élargir le champ de leurs connaissances, de rencontrer et débattre avec les scientifiques, de se « confronter » à leurs savoirs, d’en débattre ensemble et dans la société afin d’adopter les meilleurs postures et initiatives. De multiples sujets peuvent être convoqués. Nous en livrons ici quelques exemples :

  • Si on veut que l’humanité continue à tirer avantage des services écosystémiques qu’elle retire de la biodiversité, et ralentir l’apparition des zoonoses n’est-il pas essentiel de préserver et de respecter la biodiversité, des zones plus ou moins importantes de nature sauvage18? C’est le point de vue du comité scientifique de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité19 (FRB) qui s’appuie sur de nombreux travaux de chercheurs. Soulignons, toutefois, que tous les chercheurs ne sont pas unanimes sur cet aspect20.
  • Nous devrions exiger l’augmentation de la surface d’espaces protégés, en France, en Europe et dans le monde et, dans le même temps, demander la réduction de l’exploitation de la biodiversité hors de ces espaces pour une meilleure préservation des écosystèmes et habitats. Ainsi plus de 100 millions d’hectares de forêt tropicale ont été coupés entre 1980 et 200021. Dans le même temps les incendies catastrophiques (Australie, Ukraine, USA) doivent interpeler tant vis-à-vis de leurs causes que de leurs conséquences
  • Plus précisément sur l’exploitation des ressources naturelle, nous devrions réactiver notre proposition fiscale qui vise à réduire les prélèvements de ces ressources et privilégier l’économie circulaire ou encore les matières recyclées. Les consommations de ressources naturelles sont libres de toutes charges financières, la nature ne coûte rien pour les capitalistes, ce qui autorise et encourage sa dégradation.
  • Il va sans dire que nous devons poursuivre et amplifier notre combat contre le réchauffement climatique. Si ce dernier ne semble pas être à l’origine de l’apparition de virus ses effets désastreux, sur la planète et l’humanité, porte une atteinte profonde à la biodiversité. Nous devrions donc approfondir les travaux des scientifiques relatifs aux impacts des changements climatiques sur la biodiversité en scrutant leurs conséquences sur les écosystèmes, notamment sur les habitats et les changements d’affection des terres…
  • Ici et partout ailleurs, la mise en place de structures de prospective et de planification rénovée, démocratique, décentralisée est indispensable. Il faut revaloriser le long terme et briser ainsi la dictature du court-termisme sous-jacente à la recherche de la maximisation du profit. A toutes les échelles, nous pourrions nous mobiliser pour favoriser le développement de la gestion des terres comme biens communs qui associerait tous les acteurs, celles et ceux qui vivent et font vivre les espaces naturels. Sont en jeu sur cet aspect ceux de l’urbanisation (étalement urbain) et la réalisation d’espaces dédiés au tourisme. Dans cette logique, nous pourrions demander l’élargissement des structures de gestion des réserves et Parcs naturels à de nouveaux acteurs (aujourd’hui les structures de « concertation » sont assez formelles) afin d’atteindre un autre niveau de démocratisation.
  • De même, les enjeux de l’agriculture, donc de la biodiversité cultivée ou élevée et de ses liens avec la souveraineté alimentaire des peuples et à la réduction des inégalités sociales et alimentaires doivent être parmi nos préoccupations fortes. Par voie de conséquence, la qualité alimentaire comme nos modes de consommation de proximité doivent être promus. De ce fait, comment permettre un maintien et un développement d’une agriculture et d’une pèche respectueuses d’un développement durable, permettant aux agriculteurs et pêcheurs de vivre de leur activité si on met pas en cause les accords du type CETA ou Mercosur ? Comment faire également pour que les techniques agricoles n’érodent pas la qualité des terres cultivées et réduisent leur fertilité ? Comment permettre aux populations des pays en développement de travailler la terre pour vivre dignement sans s’attaquer à la déforestation des forêts primaires (soja, huile de palme…) ?
  • Nous devrions contribuer au développement de coopérations internationales (y compris européennes avec le groupe de travail Environnement du PGE) favorisant, dans un respect mutuel des connaissances et des relations, la prise de conscience par les pays et les peuples, les plus concernés, de ces risques. La COP 15 sur la biodiversité est une bonne occasion de réactiver les relations que nous avions initiées à l’occasion de la COP Climat à Paris. Par ailleurs, il est déterminant de soutenir toutes les initiatives pour financer la lutte contre le(s) virus dans les pays les plus vulnérables.
  • A l’échelle de l’Europe, le « pacte vert », dont la mise en vie concrète est contrariée par la pandémie, a été présenté par la présidente Ursula von der Leyen: «Le pacte vert pour l’Europe est notre nouvelle stratégie de croissance, pour une croissance qui donne plus qu’elle ne prend. […] Nous sommes déterminés à réussir dans l’intérêt de notre planète et de la vie qu’elle abrite pour le patrimoine naturel de l’Europe, pour la biodiversité, pour nos forêts et nos océans. En montrant au reste du monde comment être durable et compétitif, nous pouvons convaincre d’autres pays de nous suivre. » Les communistes doivent se plonger dans la réalité des décisions qui seront décidées qui sans nul doute, chercheront à s’inscrire dans la continuité d’une politique libérale cherchant un retour de la confiance des citoyen·ne·s à l’égard de l’Europe et de ses institutions. Être, dans ce contexte, à l’initiative de propositions alternatives et de luttes rassembleuses pour définir ce que doit devenir « l’intérêt de notre planète » est une nécessité.
  • A l’échelle internationale, il serait utile de contribuer aux luttes pour l’application de réglementations, et de leurs modes de contrôle, des trafics et ventes d’animaux sauvages. Le trafic illégal de pangolins par exemple, est au cœur d’un immense trafic par des mafias internationales qui rapportent d’énormes profits22. Il en est de même des cornes d’éléphants comme des rhinocéros dans les parcs naturels d’Afrique. Bien entendu ceci n’excluant pas les mesures de régulation nécessaires au développement des populations animales.
  • Je ne développe pas sur les enjeux pour la planète et l’humanité de nouveaux modes de consommation et de production respectueux de la biodiversité tout en répondant aux besoins humains… Ceci devrait nous inciter à mieux entrecroiser nos actions entre initiative contre le réchauffement climatique et biodiversité (la fonte de calottes glaciaires ou du permafrost pourrait être une bombe à retardement en matière de virologie) comme nous l’avons fait lors d’un colloque du PGE à l’initiative du PC Finlandais. La pétition élaborée à cette occasion reste d’une totale actualité.
  • Enfin, comment ne pas exiger une plus grande attention à tous les faits scientifiques – qui de près ou de loin- peuvent nous renseigner sur nos propres travaux. Aujourd’hui, il faut allier démarche curative (vaccins) et démarche de prévention par la sauvegarde des écosystèmes. La recherche doit donc être pluridisciplinaire et transversale (environnement / écologie – santé, par exemple, en intégrant des recherches des sciences humaines, de l’anthropologie, de la sociologie, des sciences politiques, de l’économie…). Il faut noter que nombre d’écologues de la biodiversité considèrent être les parents pauvres de la recherche scientifique, dépourvus de moyens pour mener à bien leurs études et les valoriser auprès des décideurs comme du grand public. Les politiques d’austérité sont passées par là conditionnant les scientifiques à élaborer une multitude de projets pour financer leurs recherches. Dans cette perspective, nous pourrions reprendre contact avec les scientifiques que nous avions invités lors de la semaine sur la biodiversité à Colonel Fabien (débats publics et auditions) et à élargir notre prospective au monde syndical et institutionnel.

Et ce d’autant plus, que selon une, toute récente note du Conseil général au Développement Durable (CGDD), l’OMS a identifié la nécessité de lancer rapidement (dès juin 2020) des recherches sur les aspects environnementaux de l’origine des virus, y compris les mesures de prise en charge à l’interface homme-animal.

En forme de conclusion : Il s’agit tout au long de cette note de travail d’une réflexion déjà collective23 et de l’expression de propositions non exhaustives qu’il s’agit d’enrichir collectivement avec toutes celles et tous ceux disponibles pour développer ce travail. Car au fond ces réflexions posent la question des choix de développement que nous devrions confirmer ou proposer et comment ceux-ci restent-ils compatibles avec les exigences de développement des autres « locataires » de la planète. Outre l’actualité politique immédiate, cette note doit nous permettre de faire vivre une ambition révolutionnaire : celle de l’écommunisme décidée lors de notre dernier congrès.

1 Écologues : scientifiques de l’écologie.

2 Philippe Grandcolas, écologue, directeur de recherche au CNRS et directeur de laboratoire au Muséum national d’Histoire naturelle, Phillippe Sansonneti, chercheur à l’Institut Pasteur et professeur au Collège de France, Serge Morand, écologue spécialiste des maladies infectieuses, Camille Lebarbenchon, enseignant chercheur à l’Université de la Réunion, Kate Jones, chercheuse britannique et professeure d’écologie et de biodiversité à l’University College de Londres, Jean-François Guégan, spécialiste de la transmission des maladies infectieuses Inrae et IRD, Christian Levêque, écologue, directeur émérite de l’IRD…

3 Sans écarter non plus, l’hypothèse d’une erreur humaine, par exemple d’un chercheur dans un laboratoire P4 à Wuhan province du Hubei (centre de la Chine). Cette hypothèse semble-t-il très peu probable, ressemble plus à une opération de détournement de la faillite de la gestion de la crise sanitaire aux USA par Trump.

4 Serge Morand explique : « L’activité humaine a modifié considérablement ce que l’on appelle l’équilibre dynamique, ou la résilience des écosystèmes ».

5 Lire à ce propos la note 10.

6 IPBES : groupe international d’experts sur la biodiversité, création initiée par Chirac en 2005 sur le modèle du Giec pour le climat. La section française est hébergée au siège de la Fédération Française sur la Biodiversité.

7 Actu-Environnement 28 avril 2020 – Article de Laurent Radisson.

8 En France, le concept « One Health », une seule santé, selon lequel la santé humaine et la santé animale sont interdépendantes et liées à la santé des écosystèmes dans lesquels elles coexistent, est désormais partagé au sein d’une partie de la communauté scientifique. Dès 2011, le Haut conseil de la santé publique a formulé des propositions sur la coordination interministérielle en matière de recherche, prônant une approche globale et interdisciplinaire.

Si la priorité aujourd’hui, en situation de crise, porte bien sur le diagnostic, le traitement et la vaccination, il importe donc de développer la recherche sur l’origine et l’écologie de ces pathogènes et la surveillance des écosystèmes pour limiter et anticiper l’émergence de nouveaux virus et être en mesure d’identifier et de surveiller les zones géographiques où ces infections émergentes s’observent plus fréquemment. Note précédemment citée du CGDD du mois de mai 2020.

9 L’atelier de la plateforme intergouvernementale, qui se tiendra du 27 au 31 juillet, « examinera les preuves relatives à la transmission des maladies infectieuses par les animaux sauvages, ainsi que la relation entre les pandémies et la biodiversité, et en particulier les dynamiques des pandémies et les possibilités d’action liées à la biodiversité et aux services écosystémiques ».

10 Une étude toute récente publiée dans la revue Nature estime qu’au lieu de « décliner graduellement, comme cela était envisagé jusqu’alors, les écosystèmes pourraient s’effondrer de manière brutale si les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter». 

11 Morand et al. 2014 – Union internationale pour la conservation de la nature.

12 Parmi ces pathogènes : le virus Marburg, apparu en Allemagne en 1967 ; le virus Ebola, détecté pour la première fois en 1976 au Zaïre – aujourd’hui République démocratique du Congo (RDC)  ; le virus du Sida, découvert aux Etats-Unis en 1981 ; le virus Hendra, identifié en Australie en 1994 ; le virus SARS, responsable du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) en 2002, en Chine ; le coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV) en Arabie saoudite en 2012… (Kate Jones, professeure d’écologie et de biodiversité, University College de Londres).

13 Philippe Descola est anthropologue, spécialiste des Jivaros Achuar, en Amazonie équatoriale, Professeur au Collège de France, disciple de Claude Levy-Strauss, médaille d’or du CNRS pour l’ensemble de ses travaux. Extraits de l’article : « Nous sommes devenus un virus pour la planète » dans Le Monde du 22 mai 2020.

14 « Les rapports homme-nature au centre du combat de classe pour la préservation de la biodiversité. » PCF 2016

15 Docteur en droit – L’évaluation environnementale des projets ; une peau de chagrin – Actu-Environnement 21 avril 2020.

16 Reportée, semble-t-il, en 2021 sans aucune date arrêtée à ce jour mais organisée, tout de même, en Chine..

17 Relire les déclarations du PCF sur le bilan de la COP 21 dans CommunisteS.

18 En effet, par exemple, les prédateurs contribuent à réguler les populations de rongeurs qui sont souvent des hôtes de virus ou bactéries pathogènes pour l’homme, transmissibles notamment via les tiques et peuvent par conséquent limiter la diffusion de maladies. La préservation des oiseaux charognards permet aussi d’assurer l’élimination des carcasses d’animaux morts et d’éviter ainsi l’émergence de maladies . Protéger la biodiversité sauvage permet aussi un bon fonctionnement des processus de régulation naturelle.

19 Fondation pour la recherche sur la biodiversité. Note de son comité scientifique – Avril 2020

20 Christian Lévêque doute de ce lien direct entre intervention humaine destructrice, zones « sauvages » et émergence par voie de conséquences des virus. Toutefois il indique que : « […] ce sont les situations de forte promiscuité comme on en rencontre en Asie, entre les hommes et les animaux sauvages qui servent de relais avec les animaux sauvages, qui semblent favoriser l’émergence de nouveaux virus ». Christian Lévêque : la destruction de la biodiversité a-t-elle engendré la Coronavirus – European Scientist – 8 avril 2020

21 Rapport sur l’évaluation mondiale de la biodiversité et des services écosystémiques – IPBES

22 Lire à ce sujet l’enquête : « Sur la piste de la pangolin connection » dans Le Monde  du 21 avril 2020.

23 Remerciements à Luc Foulquier pour ses utiles remarques, à Jean-Claude Cheinet, Jean Barra, Pascal Lachaud, Alain Brunel pour leurs propositions et suggestions de rédaction ou d’ajouts, Roland Charlionnet pour son concours apprécié à la rédaction de l’avant-propos, aux membres des commissions Écologie et Relations Internationales du PCF qui ont bien voulu enrichir cette note…

1 La maladie à coronavirus 2019, abrégée en COVID-19 (acronyme anglais signifiant coronavirus disease 2019), est une maladie infectieuse émergente de type zoonose virale, provoquée par le coronavirus SARS-CoV-2.

2 Ces réflexions s’inscrivent dans la continuité des travaux de la coordination de la commission nationale Écologie du PCF et notamment de la note COVID-19, implications écologiques et systémiques,du mois d’avrilet de la commission des Relations Internationales du PCF.


Poster un commentaire

Lettre ouverte à Madame Angela SEGURA, Conseillère municipale de la majorité de droite du Blanc-Mesnil

Madame,

Je me permets de vous écrire ces quelques lignes suite à votre tribune publiée dans le journal municipal de la ville Le Blanc-Mesnilois, page 31 N° 125 du 5 au 18 juin 2020 – https://fr.calameo.com/read/004653945395091541bca

Comme le précise la rédaction du journal les propos tenus dans une tribune n’engagent que leurs auteurs, c’est à dire vous, Madame Segura, pour ce numéro, au nom de la majorité municipale.

Dans ce texte vous affirmez des choses qui sont fausses ou qui pourraient être considérées comme calomnieuses.

Vous semblez estimer que seuls les élu·e·s de la majorité sont des élu·e·s que l’on peut considérer comme des élu·e·s de la République. Pourtant, à l’échelle d’une ville, les élu·e·s de la République ce sont toutes les personnes qui se sont présentées au suffrage de leurs concitoyen·ne·s et qui, en regard du mode de calcul et des règles électorales en vigueur, sont désignées pour devenir membres, à part entière, de cette institution.

Affirmer de tels propos délibérément mensongers est une façon pour vous de tenter de faire disparaître du paysage local les élu·e·s d’opposition. Les ficelles sont grosses mais force est de constater que ça ne prend pas. Je suis persuadé d’une chose : les élu·e·s d’opposition et le collectif Blanc-Mesnil à venir, dans leur diversité, sont et seront toujours présent.e.s aux côtés des Blanc-Mesnilois.e.s.

Comme vous le savez, l’épidémie de la COVID-19 a eu, en Seine-Saint-Denis, des effets sanitaires de grande ampleur quelques soient les idées défendues par les personnes atteintes par le virus. Il semblait donc normal aux personnes de « l’opposition » de contribuer avec la majorité à la prévention de la population et l’accompagnement des personnes malades.

Effectivement, c’est après avoir écrit deux courriers au Maire restés sans réponse, encore aujourd’hui, que les élu·e·s d’opposition se sont adressé·e·s au Préfet afin de l’alerter sur cette situation. Ils et elles demandaient, tout simplement, dans le cadre de la crise sanitaire à être associ·é·s aux décisions et initiatives prises par le Maire, (conformément aux préconisations de l’État et comme la loi l’exige) en direction de la population.

Trouvez-vous alors cela normal d’écarter une partie des élu·e·s de la République?

Les élu·e·s de la majorité ne détiennent pas le monopole de la solidarité. Les élu·e·s d’opposition avec des blancesnilois·e·s, dans leur diversité, étaient aussi sur le terrain pour mettre à disposition du gel hydroalcoolique, des masques ou encore distribuer des repas en lien avec des associations. Ainsi, vous écrivez, par exemple, « nos couturières » mais sachez Madame, que d’autres couturières que les « vôtres » ont cousu des masques pour les mettre à disposition de celles et de ceux qui en étaient dépourvu·e·s ou qui n’avaient pas les moyens financiers de s’en procurer. Rendre hommage à ces dernières serait un acte républicain apprécié…

Vous et votre équipe devriez être plus modestes et humbles quant aux résultats de cette élection. Car comme vous le savez elle s’est déroulée dans un contexte sanitaire inédit qui a provoqué une abstention de grande ampleur dans notre ville (60,21%) ; du jamais vu au Blanc-Mesnil. Le résultat obtenu par votre liste recueille 20 % des inscrits et celle conduite par Didier Mignot 16 %. En fait, je vous le demande, que pense le reste de la population ? Je suis preneur de vos réflexions.

Je passe sur la petite polémique relative aux propositions du programme proposé par la liste Blanc-Mesnil à venir. A mes yeux, nombre d’entre-elles restent d’actualité comme vous aurez peut-être l’occasion de le découvrir.

Enfin, vous considérez, en conclusion, que durant ce mandat, les élu·e·s d’opposition continueront d’insulter l’intelligence des blancmeslois·e·s. Comment pouvez-vous tenir de tels propos véritablement insultants à l’égard d’hommes, de femmes qui ont décidé de consacrer, tout comme vous, une partie de leur vie au service de l’intérêt général et de la population. Si votre camp acceptait un tout petit plus de débattre avec la population – sans sélection arbitraire évidemment comme pour les conseils de quartier et comme Didier Mignot l’a proposé durant la campagne électorale – tout le monde découvrirait rapidement de quel côté se trouve l’intelligence. Auriez-vous à craindre du débat démocratique ?

Madame, je suis né au Blanc-Mesnil et j’ai siégé au Conseil municipal durant plusieurs exercices. Je me dois de vous dire que je n’ai jamais adopté ce type de défense. Pour ma part, je n’ai jamais renié mes idées et je ne me suis jamais privé de les exposer, mais jamais au grand jamais, je n’ai utilisé avec mes adversaires politiques une telle attitude irrévérencieuse.

Au plaisir de vous lire,


Poster un commentaire

COVID-19 : les masques du 11 mai

Ce 11 mai, nous avons trouvé dans nos boîtes aux lettres une enveloppe de la mairie avec deux masques…sans protection ? Ne râlons pas ! Au contraire, d’une certaine façon, nous nous en réjouissons car nous les avons tant attendu ces masques gratuits. Toutefois, sans aucune lettre d’explication, nous sommes en droit de nous poser quelques questions. Quelle est l’origine de ces masques : fournis par la Région ou fabriqués par l’usine Wang ? Sont-ils lavables et combien de fois ? Tous les foyers blanc-mesnilois ont-ils été servis ? Pourquoi cette distribution massive le 11 mai, date choisie par Leclerc pour les mettre en vente ? N’est-ce pas avant qu’il aurait été nécessaire de les distribuer au moment où chacun·e en cherchait et où seules des associations et des couturières bénévoles se sont mises à leurs machines à coudre  pour en fabriquer?

Pourquoi le maire s’est-il arrogé le droit d’être le seul distributeur de cet indispensable outil de protection jusqu’à faire du porte à porte chez certain·es blancmesnilois·es et pas chez d’autres ? Sans oublier les distributions aux gares en évitant bien naturellement de porter le sien -donc en prenant des risques- ; afin qu’on le reconnaisse bien. Pourquoi tou·tes les élu·es n’ont-ils et elles pas été associé·es ?

Bien sûr, je les entends déjà tou·tes celles et ceux qui vont dire que nous ne sommes jamais contents, que nous critiquons constamment…soit ; à la nuance près que les élu·es de l’opposition ont écrit au maire par deux fois et qu’ils sont toujours dans l’attente d’une moindre réponse …


Poster un commentaire

Saloperie de virus!

La disparition de Jean-Charles est un mauvais coup de la vie. Sa disparition si soudaine et si brutale me laisse abasourdi de peine et de chagrin. Jean-Charles était un homme apprécié pour ses grandes qualités humaines et intellectuelles. Je perds comme tant d’autres un ami et un camarade. Quelques lignes pour dire une petite partie de ce que nous avons vécu ensemble….

Lire la suite


Poster un commentaire

Intervention au Conseil Municipal du 23 janvier 2020 relative au rapport Développement Durable 2019

Monsieur le maire, cher·e·s collègues,

La belle présentation de votre rapport développement durable 2019 ne doit masquer les graves imperfections de son contenu. Ce rapport relève plus dans certains domaines du compte-rendu d’atelier et à dans d’autres dans une mise en perspective qui ne relève plus du bilan mais du projet.

Toutefois, avant toute chose, je tiens une nouvelle à remercier le travail réalisé par les services publics communaux et leurs partenaires.

Mais là n’est pas l’essentiel de mon approche.

Lire la suite